J’aime le passé ; je regarde trop dans le passé mais j’y trouve une force incroyable.
J’adore cette photo de ma grand-mère parce qu’elle me montre une partie d’elle que je n’ai pas connu. Belle, souriante, insouciante.
Ma grand-mère, lorsque je l’ai connu, était ce que la vie avait fait d’elle une dame pleine d’amertume qui tournait en boucle sur ses blessures et qui pourrait lui en vouloir ?

Elle n’a pas connu son père biologique, abandonnée par sa mère, reconnue par son beau-père pour les allocs, mal mariée, mise en nourrice avant d’être récupéré par mon arrière arrière grand-mère, la figure, la grande gueule, celle “qui n’aimait pas les cons”.
Pendant des vacances “Ma mie” m’a un jour parlé de cet amour perdu, parti à la guerre. Elle avait plus de 25 ans, en avait certainement marre des bals des catherinettes, elle s’est donc mariée à un autre. Une mascarade dont elle s’est rendue compte dès le début en sortant de l’église au bras du prêtre puisque son mari ne l’avait pas attendu. Un mariage qui l’a rendu misérable.

L’acrimonie de ma grand-mère était difficile à vivre mais elle m’a servi d’exemple. Je sais d’où viennent ses peines, sa fille en vivra des trop similaires. Le destin se répète. La société a ce don de reproduire les circonstances qui rendent les femmes malheureuses de génération en génération.
C’est pour ça que j’aime regarder dans l’abîme du passé de mes vieilles. Les difficultés sont les mêmes et les connaître, c’est m’en libérer… enfin me semble-t-il.
Une fois le passé assez observé, je regarde le futur. Le mien bien évidemment, pour faire mieux puis celle des générations à venir. Puis il y a mes soeurs. Je n’ai pas de fille mais j’ai une ribambelle de nièces pour qui j’ai plus ou moins été là mais que j’adore inconditionnellement.
Il y a quelques années, j’ai écrit ce poème pour l’anniversaire de ma nièce Maëlya ; mes vœux pour ma nièce chérie et par extension pour toutes mes nièces et par plus grande extension pour toutes les petites filles.

Mille vœux pour Maëlya
Une petite princesse grandit, nous attendrissant
De son sourire plein de malice et ses yeux brillants,
De sa furieuse joie de vivre et de son charme naissant
De ses éclats de rire et ses cris perçants
Je te souhaite l’intelligence et les méninges d’un génie
Que les qualités de corps passent après celles de l’esprit
Que les livres soient pour toi de fidèles alliés
Qu’ils t’aident à connaître notre monde et comment y naviguer
Je te souhaite un courage sans faille et une force sans pareille
Qu’ils te permettent d’accomplir des monts et merveilles
Que toutes les vicissitudes de la vie n’entament en aucun cas
Ton ardeur au combat et ta foi en toi
Enfin que dans ce monde brûlant aux tristes mœurs infâmes
Qui le yoni méprisant en faveur du lingam
Que la déesse-mère lunaire pour toujours veille sur toi
Et qu’elle te bénisse de sa bienveillance ma fière Maëlya